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La guerre de Cent-Ans (1337-1456)
Son origine
Le conflit débute sous le règne de Philippe VI, premier de la dynastie de Valois. Dépité d’avoir été écarté alors qu’il aspirait légalement à monter sur le trône de France où il possédait l’Aquitaine, le roi d’Angleterre Edouard III d’Angleterre lance en 1339 son armée contre la France.
Les chevauchées et escarmouches dureront de longues années, ponctuées par deux batailles rangées Crécy (1346) et Poitiers (1356), laquelle sera un désastre pour l’ost royal car les Anglais feront prisonnier le roi de France Jean II le Bon (1319-1364). Pour être libéré, ce dernier signera au début de 1360 le traité de Londres qui cède à l'Angleterre les terres contestées, soit pratiquement le tiers du royaume de l'époque. Pendant son absence, la régence était assumée par son fils Charles dauphin du Viennois et futur Charles V qui avait réuni les Etats-Généraux mais la contestation gronde contre cet abandon de territoire.
Second débarquement anglais
Devant cette opposition et par rétorsion, les Anglais lancent une chevauchée composée de mercenaires qui ravage l'Ile-de-France. Le siège est mis devant Paris, la troupe s'installe à Chanteloup, ravage les localités de Corbeil, Orly, Montlhéry, Longjumeau, Chatillon, Montrouge, Gentilly, Issy, Vanves et Vaugirard mais ne peut pénétrer dans la Capitale. Les Anglais lèvent le siège le 12 avril 1360 et signent la paix de Brétigny le 8 mai1360. Le roi retourne à Londres où il mourra en 1364, cependant que se termine la longue guerre de succession de Bretagne débutée en 1343.
Sacré roi de France après la mort du roi précédent, son fils le dauphin Charles V le sage (1338-1380) ramène un peu de sérénité, amorce une politique de décentralisation basée sur la mise en place de l’apanage de plusieurs comtés attribués à ses proches leur vie durant. Cette pratique améliore les finances royales et le roi se montre bon gestionnaire.
Mais les Anglais reviennent et lancent une troisième chevauchée en direction de Paris où ils arrivent le 23 septembre 1370, mettent à nouveau le siège mais n’insistent pas outre mesure et lèvent le siège après deux jours. Ils remontent vers le nord, harcelés par Du Guesclin qui le 4 décembre 1370 remporte la victoire de Pontvallain près du Mans.
Conseil royal et divisions internes
Avec ces événements négatifs, la situation sociétale se dégrade dans le milieu religieux en butte à la crise du schisme d’Occident (1378-1417) qui divise l'Eglise catholique associée au pouvoir royal et tous deux voient leur rôle social, politique et culturel s'amenuiser. La situation s'aggrave sous le règne suivant de Charles VI (1368-1422) dit le Fou.
Fraticides rivalités princières entre les ducs d’Orléans et de Bourgogne
En raison des accès de bouffées délirantes du roi, le Conseil royal est dirigé depuis 1392 par la reine Isabeau de Bavière où s'affrontent d'une part, le duc Louis 1er d’Orléans (1372-1407) frère unique du roi, prince apanagé d'une vingtaine de comtés, et de l’autre son cousin le duc Jean 1er de Bourgogne. dit populairement Jean-Sans-Peur.
Interventions locales puis parisiennes du nouveau duc de Bourgogne
Fils du duc Philippe II de Bourgogne dit le Hardi (1342-1404) et de Marguerite de Flandre [1] , le nouveau duc surnommé Jean-Sans-Peur pour son courage physique entend augmenter le patrimoine paternel et se révèle interventionniste contre ceux qui entrave sa volonté. En premier lieu ceux qu'ils nomment 'les Orléanais", c'est à dire-les partisans de son rival le duc d’Orléans. Il vise accessoirement le comte de Tonnerre depuis qu’en 1371 Jean III de Chalon a vendu son comté d’Auxerre au roi Charles V, ne laissant que le comté de Tonnerre à son fils Louis 1er de Chalon. En effet, Jean-Sans-Peur et son épouse Marguerite de Bavière craignent la politique d’expansion française au détriment de leur duché. Aussi dès qu’en 1401 le jeune Louis II de Chalon, hérite du comté de Tonnerre, devient-il un adversaire potentiel pour le duc bourguignon qui fait saisir une partie de ses biens.
Puis le 15 août 1405, Jean 1er de Bourgogne pénétra avec des hommes armés dans Paris, soutenu par une majorité de la population. Devant la menace, le duc Louis 1er d’Orléans s’enfuit à Melun avec le roi Charles VI puis une réconciliation intervient à l’instigation du vieil oncle Jean duc de Berry qui séjournait alors au château de Vincennes.
Un tournant, l’assassinat de Louis 1er duc d’Orléans
L’accalmie sera de courte durée car le 23 novembre 1407 le bourguignon faisait assassiner par intérêt et jalousie son cousin et concurrent le frère du roi Louis 1er duc d’Orléans chef du parti Armagnac et époux de la princesse de Milan Valentina Visconti.
C'est dans ce climat de luttes intestines au sommet du royaume que décède au mois d'avril 1406 Jehan Turquan (Turquam), paroissien de Saint-Jacques de la Boucherie à Paris, premier maillon d'une famille de la bourgeoisie parisienne qui fait suite sous le titre " De la révolte cabochienne à la paix de Longjumeau (1413-1568).é
Le 2 décembre 1407, soit moins de quinze jours après l’assassinat du prince, les seigneuries de Béru en franc-alleu noble et Viviers du comte de Tonnerre furent acquit par le secrétaire du roi anobli Guillaume 1er Budé (1371-1423) d'une famille de négociants en vin au détriment d' Etienne 1er Chevalier (1385-1460) également secrétaire du roi, administrateur de la maladrerie de Melun (77) d'une famille d'officiers au service du duc d'Orléans. La seigneurie de Viviers, contiguës à celui de Béru, aux frontières des comtés de Tonnerre et du duché de Bourgogne, mouvaient féodalement du château de Pacy-les Tours, à Armançon (Nièvre) tenues par Jean de Saint-Verain [2] vassal du comte de Nevers lui-même fils du duc bourguignon.
Cette vente de 1407 est le premier élément concret d'une alliance entre les familles Budé et Chevalier qui durera plus d’un siècle et joue le premier rôle dans ma lorgnette de l’Histoire.
Mais la guerre de Cent-Ans se poursuivait.
Mettant à profit la désunion française, le roi Henri V d’Angleterre débarque en Normandie avec ses troupes le 12 août 1415, gagne le 25 octobre de la même année la célèbre bataille d'Azincourt (Pas de Calais) au cours de laquelle sera tué une part importante de la noblesse française. Parmi eux le seigneur d’Yerres et autres lieux, l’amiral Jacques de Chatillon-Dampierre (1370-1415) gendre de Charles dit Bureau III de la Rivière (1340-1400), l’un des « marmousets » chambellan et proche ministre du roi Charles VI (1368-1422).
Au temps de l'occupation
Larvée pratiquement depuis l’arrivée de feu le duc Louis 1er d’Orléans au sein du conseil royal, la lutte entre Armagnacs et gens du roi contre les Bourguignons débute au grand jour au mois de septembre 1416. Elle avait été précédée du soutien bourguignon aux émeutes parisiennes de 1412 fomentées par Simon Caboche alias Capeluche .
L’armée bourguignonne et ses alliés montent à Paris qu'ils occupent les 28 et 29 mai 1418. Avec leurs nombreux partisans parisiens, ils se livrent au pillage et massacrent les Armagnacs, leur chef le connétable Bernard VII d’Armagnac en tête.
On négocie et Jean-Sans-Peur fait son entrée officielle à Paris le 14 juillet 1418, en compagnie de la reine mère Isabeau de Bavière qu’il a convaincu. A partir de cette date, le duc bourguignon contrôle la Capitale,d'où le comte de Ponthieu, Dauphin et futur roi s'est enfui pour se réfugier à Bourges pour ne pas être fait prisonnier. Dès qu'il est aux commandes, le duc procède à l'épuration de l'administration royale et des anciens personnels de Charles VI qui sont cassés ou fugitifs. Une commission spéciale est mise en place et fonctionnera jusqu'en 1431. Elle concernera 109 personnes qui seront taxées, parmi lesquelles figurent Guillaume 1er Budé cité supra et son frère Jean 1er Budé.
Le calme revient momentanément à Paris malgré l'occupation anglaise car la présence du roi et de la reine calme les esprits. Cette paix sera brève car lors d’une rencontre, tenue à Montereau (Yonne) le 10 septembre 1419, le Dauphin venge le défunt Louis 1er d’Orléans en faisant assassiner le duc Jean-Sans-Peur.
Ce second assassinat politique pousse son fils Philippe le Bon, 3ème duc de Bourgogne après son défunt père à rejoindre avec circonspection le camp du roi d’Angleterre. C'est dans cette situation diffiçile que le roi Charles VI meurt à l'hôtel Saint-Paul de Paris le 21 octobre 1422 après un long règne de 42 ans.
Le royaume de France et sa hiérarchie bicéphale
Bourguignons et Anglais sont maintenant alliés circonstanciels et occupent Paris car selon le traité de Troyes signé par feu le roi Charles VI le Fou en date du 20 mai 1420 avec le roi d'Angleterre, le jeune Henry VI d’Angleterre est également roi de France depuis le 21 octobre 1422, bien qu’il soit âgé seulement de 10 mois. Par représentant interposé, l'enfant est en concurrence directe avec le Dauphin Charles et duc de Berry qui s'est proclamé le 30 octobre 1422 roi de France, sous le nom de Charles VII. Mais il vit avec sa cour à Bourges où il réside pour éviter d'être fait prisonnier par les Anglais.
Cette situation paradoxale, deux rois à la tête d’un même pays, durera de 1421 à 1429. Le royaume de France était coupé en deux parties, au Nord et à l'Ouest une occupation anglaise avec des troupes composées essentiellement de Navarrais et Bourguignons, tiennent les points fortifiés, notamment ceux autour de Paris avec leur quartier général au fort de Vincennes où loge le régent du roi d’Angleterre le duc de Bedford Jean de Lancastre [3] ainsi que Corbeil, Gournay-sur-Marne, Melun, Meaux, Yerres, les ponts de Saint-Cloud et de Charenton. Bien entendu, les vainqueurs confisquent les biens et terres de leurs opposants ce qui entraine une instabilité seigneuriale consécutive au chassé-croisé des seigneurs.
La situation sera débloquée par l’action de la mythique Jeanne d’Arc dite la pucelle d’Orléans (1412-1431) qui impressionne le roi. Après des difficultés et assistée par Duguesclin puis Jean dit le comte de Dunois (1403-1468) fils naturel de feu Louis 1er duc d’Orléans et de Mariette d’Enghien, qui fait office de bras armé de la maison de Valois-Orléans, la situation évoluera en faveur du roi de France.
Retournement de situation
L’arrestation et le supplice de Jeanne d'Arc a pour effet de retourner la situation en faveur du roi de France et des pourparlers aboutiront le 13 décembre 1431 à une trêve avec Philippe III le Bon, duc de Bourgogne puis en 1435 à la signature du traité d’Arras qui met fin à la guerre civile. A partir de cette période, les Anglais perdent l’initiative et s’enferment dans les points fortifiés qu'ils occupent.
Crédit Wikipedia. Carte du traité? de Londres
La libération de Paris, virtuelle fin de la guerre de Cent Ans
Cette libération commencera par celle du château de Vincennes, symbole de l'occupation et enjeu militaire de premier plan. Il sera pris grâce à des complicités le 19 février 1436 par le capitaine Jacques 1er de Chabannes. Puis après un siège, mené par les troupes royales et l'aide de la population, Paris sera libéré le 13 avril 1436 par le connétable Arthur de Richemont. Enfin rentré en vainqueur dans sa Capitale le 12 novembre 1436 en provenance de sa retraite, le monarque rétablira le Parlement de Paris et décrètera une amnistie générale. Des combats sporadiques continuent car les Anglais conservent des places-fortes en région parisienne, notamment Meaux qui sera délivré le 12 août 1439 et en province. La dernière phase de la guerre se terminait.
Retour du roi et de son entourage dans sa Capitale.
Le roi s’installe à Paris avec ceux de sa maison qui l’on suivit dans l’exil de Bourges. Nombreux ceux qui ont combattu contre les Anglais, les soldats comme les frères Bureau, de Chabannes, et autres ainsi que les gens de robe exerçant des charges auprès des rois Charles V et Charles VI.
Parmi ces derniers figuraient les héritiers de Jean 1er Chevalier (1383-1460) ancien procureur du duc d’Orléans et son frère défunt Etienne 1er Chevalier (1385-1460) secrétaire du roi, celui qui avait vendu Béru et Viviers en 1407. Leurs vendeurs étaient Guillaume 1er Budé, maître des garnisons du vin et frère de Jean II Budé (1375-1439) tous officiers de robe du roi Charles VI.
A propos d'union familiale
Les développements de cette alliance Budé et Chevalier, dont les personnages sont cités à trois reprises dans cette guerre, représente celle de la bourgeoisie de robe anoblie au service du roi et basée sur une communauté d’intérêts et d'esprit. Elle allait perdurer plus d'un siècle et se poursuivra bien après la guerre de Cent-Ans qui se prolongera jusqu'en 1453 mais pris fin officiellement après 137 années, le traité de Picquigny étant signé en 1474.
Ce conflit était non seulement la fin d’une lutte dynastique et économique mais aussi celle d’une société agraire, féodale et politique dirigée sous la tutelle et les dogmes de l’Eglise et l’essor d’une économie marchande suscitée par une bourgeoisie avide de supplanter la noblesse. La réforme sociétale était en marche et s'amorcera au siècle suivant.
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[1] Philippe II de Bourgogne avait reçu le duché de Bourgogne en apanage de son père le roi Jean II Le Bon (1319-1364). Marié avec Marguerite de Flandre, ses héritiers firent de Dijon la capitale d'un état bourguignon puissant. Il prit fin en 1477 avec le duc Charles le Téméraire dont Marie la fille unique épousa Maximilien d’Autriche Empereur du Saint-Empire (1459-1519).Par ce mariage, la maison de Habsbourg prenait pied en Artois, Franche-Comté et Charolais mais le duché de Bourgogne restera un apanage de la couronne de France à partir du roi Louis XI. Les duc de Bourgogne reposent en la Chartreuse de la Sainte-Trinité de Champmol à Dijon fondé en 1385 par Philippe II afin de servir de nécropole à ses héritiers pour concurrencer l'abbaye de Saint-Denis où gisent les défunts rois de France.
[2] Jean de Saint-Verain (1355-1418) Président à la Chambre des Enquêtes, seigneur de la Celle, époux d’Isabeau de Mello, dame de la Guerche et de Jaulges (Yonne). Il était beau-frère de Charles dit Bureau de la Rivière (1339-1400) chambellan et ami du roi Charles V aux pieds duquel il est inhumé à Saint-Denis. Il fut entre autre seigneur de Yerres avant la famille Budé citée supra.
[3] Titré régent de France, l'anglais Jean de Lancastre (1389-1435) était marié depuis 1423 avec Jeanne de Bourgogne, fille de Jean-Sans-Peur tué en 1419. Il pratiqua une politique relativement amicale et résidait au château de Vincennes. Son frère Humphrey Duc de Gloucester était le régent du royaume d’Angleterre pendant la minorité de son roi.
Date de dernière mise à jour : 03/07/2023