Après les guerres de religion
Après le décès d'Henri III et l'abjuration de la religion protestante de son cousin Henri de Navarre du 25 juillet 1593, ce dernier fut sacré roi de France le 27 février 1594 sous le nom d'Henri IV . Mais la lutte armée avait profondément divisé le royaume et certains évêques proches des ultra catholique étaient encore réticents à reconnaître le roi tant qu'il n'aurait pas reçu l'absolution du Pape afin d'être reconnu par tous ses sujets. Cette absolution fut donnée à l'automne 1595, ce qui mettait fin de facto à la guerre de religion qui avait déchirée le pays depuis 30 ans. Afin de relancer l'économie exsangue et réparer les dégâts commis, le roi pratiqua une politique d'amnistie générale.
C'est dans ce cadre qu'il favorisa les investisseurs s'engageant dans l'économie, dont une partie relevait du monachisme et de l'Eglise.
Le banquier en cour de Rome Constantin Chevallier cherche à investir en Auvergne
Le lettre du roi conservées montrent qu'après la reconnaissance papale, Henri IV entama campagne auprès de Rome, soutenu activement par l'épiscopat parisien et son chapitre cathédral, auquel appartenait le vieux chanoine Jacques II Fouyn, toujours prieur d'Argenteuil et son neveu par alliance Constantin Chevallier.
Aussi lorsque Bernardin de Corneillan, prieur commandaté de la dômerie d'Aubrac ( [1] ) décéda en 1596, les financiers et initiés parisiens le surent rapidement et le premier à se mettre sur les rangs fut le banquier expéditionnaire en cour de Rome Constantin Chevallier, qui destinait cette abbaye à son jeune fils encore mineur. Mais le poste était également convoité par la comtesse de la Chapelle ( [2] ), pour son fils François d'Escoubleau de Sourdis, cousin germain de Gabrielle d'Estrée, maîtresse du roi Henri IV depuis quelques années.
Afin d'obtenir satisfaction, la comtesse intervint par courrier du 22 juin 1596 auprès de la reine Marguerite de Valois en exil au château d'Usson (Puy-de-Dôme), alors en instance de divorce avec Henri IV, mais l'intervention fut apparemment sans effet.
Aussi le roi, désireux de faire plaisir à sa maîtresse intervint à son tour en faveur du jeune François de Sourdis ( [3] ) en s'adressant à son sénéchal du Rouergue, M. de Sauvansa , afin qu'il fasse cesser les oppositions. En effet, il avait besoin du soutien des jeunes nobles de l’Église susceptibles d'être nommés à Rome où le cardinal de Joyeuse ( [4] ) avait débuté une campagne d'influence auprès du Pape afin de contrecarrer les positions de l'Espagne, soutien militaire de la Ligue catholique lors du conflit.
Le fils de la comtesse supplante le banquier expéditionnaire.
Le résultat fut que lorsque le banquier Constantin Chevallier se présenta avec ses provisions le 5 septembre 1597 devant monseigneur de Florence, légat du Pape en poste à Paris, l'investiture lui fut refusée, car l'abbaye d'Aubrac avait été attribuée à François de Sourdis. C'était la réussite d'une des nombreuses interventions de Gabrielle d'Estrée envers ses familiers et son cousin germain François de Sourdis ira à Rome puis deviendra rapidement cardinal archevêque de Bordeaux en 1599 ( [5]) . Il est vrai que politiquement, l'appui d'un noble était plus profitable au roi qu'un obscur banquier parisien.
Succès de la seconde candidature bretonne
Malgré cet échec, Constantin Chevallier, toujours soutenu par son oncle Jacques II Fouyn, mais aussi par Philippe de Castille, receveur général du Clergé, renouvela sa demande pour acquérir l'abbaye bretonne de Saint-Gildas endommagée lors de la guerre. Le roi accepta et soutien la candidature du jeune clerc Constantin Chevallier fils pour le poste d'abbé commendaté de Saint-Gildas-de-Rhuis dans le Morbihan. Henri IV adressa même une lettre au Pape Clément VIII (1536-1605) afin d'obtenir une dispense d'âge car le postulant était mineur de 14 ans ( [7] ).
Constantin Chevallier fils pris possession de l'acquisition faite en octobre 1597 par son père, devenant ainsi le 38 ème abbé commandaté de Saint-Gildas-de-Rhuis (Morbihan). L'effectif d'alors était de cinq moines mais surtout une partie des biens, situés à Trémohar et Bray-en-Berric (56) étaient en litige et détenus par l'écuyer Michel de Forget et son épouse Charlotte Damar. Ce couple était héritier de Madeleine de l'Hospital (1538-1606), fille unique du principal collaborateur de la régente Catherine de Médicis, le chancelier de France Michel de l'Hospital et de son épouse Marie Morin. Marié le 11 juillet 1557 avec Robert Hurault de l'Hospital ( 111-1594), Madeleine était mère de Michel (1559-1592) époux d'Olympe du Faur de Pibrac et de l'archevêque Paul Hurault de l'Hospital ,
D'ailleurs à l'époque, Michel de Forget était dit "Dancy Forget" car seigneur de Dancy, Beauregard et Mémillon, fiefs de la paroisse d'Abondant (28) mais logeait hors la porte Saint-Michel, domicile parisien de l'archevêque d'Aix-en-Provence, Paul Hurault de l'Hospital (1566-1624) fils du chancelier Robert Hurault de l'Hospital et de Madeleine de Savoie ((MC/ET/CXXII/1558 d'octobre 1606 Notaire Claude de Troyes).
Peu de temps après son arrivée sur place, le jeune abbé , qui ne comprenait pas le patois locat, rencontra l'hostilité d'une partie des habitants mais aussi des seigneurs locaux dont une partie avaient été favorable ou militant de la Ligue opposée à un roi protestant. Il eut également des problèmes commerciaux avec plusieurs marchands de Vannes mais surtout avec la famille de l'un de ses prédécesseurs, l'abbé Jean de Quilfistre, en place de 1564 à 1582 et chanoine de Vannes. Ce dernier était frère de Simon, fils de Bertrand de Quilfistre et Hélène de Camaret, sieur de Trémohar et Trébiguet et revendiquait la propriété de terres de Trémohar, Sarzeau et Bray-en-Berric. Il y eut procès devant la sénéchaussée de Vannes entre le chapitre, qui soutenait l'abbé Constantin et Michel Forget, contre Simon de Quilfistre, avec appel devant le Parlement de Bretagne ( AD 56 clergé régulier série G 2 et 86). En définitive, les terres furent vendues.
Mais ce n'était pas tout car les locaux avaient la dent dure. L'abbé sera emprisonné pour dettes au château de Suscinio sur ordre de Louis de Montigny, puissant ligueur local et gouverneur de Suscinio et de l'Ile de Rhuis. Il sera libéré sur intervention du roi, sollicité directement par Catherine Du Mont, mère du jeune abbé.
Puis son père étant décédé après avoir été condamné avec son créancier Scipion Sardini pour dettes non payées, en l'occurence la dîme due pour l'abbaye, l'abbé Constantin Chevallier, dépité par ces événements, résigna en faveur de son successeur Guillaume Charles de Montigny qui pris posession de l'abbaye le 30 octobre 1607.
Constantin Chevallier fils rentra à Paris , devint avocat et secrétaire du roi puis se maria en 1608 et deviendra seigneur de Bondoufle (91) et Merlan à Noisy-le-Sec (93), avec ses fiefs relevant du prieuré Notre-Dame d'Argenteuil de l'abbaye de Saint-Denis. Ainsi se termina sa brève expérience d'abbé commendaté.
Retour vers sa famille d'origine
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NOTA: Avez-vous remarqué que la graphie de cette branche dite parfois de Chevallier Merlan porte 2 L à Chevallier. Originaire de la région angevine, cette branche est roturière, alliée à la famille Constantin. Elle se relie à la branche Chevalier d'Eprunes via l'abbé d'Argenteuil Jacques Fouyn, ce dernier transmettant la Grange-du Milieu d'Yerres à Jeanne Escoreol veuve Mathurin Vaillant après q'elle ait épousé le protestant Guillaume Chevalier cousin germain de Charles Chevalier receveur du prince protestant Louis 1er de Condé.
Il reste à identifier
Bastien Chevalier bourgeois de Paris, investisseur des Gabelles au marquisat de Belle-isle-en-Mer et ses investisseurs parisiens
Pierre et Jean Chevalier à Livry(93),
Les frères Chevalier de Champagne et Fermiers Généraux,