Pierre Moreau dit le Saulnier et le Président du Conseil souverain de Sedan
Ancien contrôleur extraordinaire des guerres de 1551 à 1555 lors des campagne d’Henri II contre l’Empire et la défense en avril 1552 des Trois-Évêchés de Metz, Toul et Verdun, Pierre Moreau (1510-1562) fut marié en première noce vers 1540 avec Agnès fille du procureur au Châtelet de Paris Claude de Lalouette (Lalouette). Ils habitaient alors rue du Temple à Paris et vivait bourgeoisement. Il était contrôleur adjoint au commissaires des guerres, charge non anoblissante et investissait financièrement dans les Gabelles et les magasins et greniers à sel. Il était alors associé avec Antoine Trouvé rue des Poulies à Saint-Denis, commis au greffe du Châtelet de Paris.
Connu dans les milieux financiers, Pierre Moreau était surnommé « le Saulnier » pour avoir investi la somme de 12.000 Livres dans le grenier à sel de Paris. par ailleurs, il avait acquis plusieurs biens immobiliers dont deux maisons, rue Pastourelle et Galandre à Paris, deux autres à la chapelle Saint-Denis, une à Aulnay-les-Bondy ainsi que des terres à Noisy-le-Sec et Aubervilliers (93). D'autre part, il possédait une ferme à la Chapelle-la-Reine (77) qui revint à ses héritiers.
Pierre Moreau décéda peu de temps avant le 3 décembre 1562 (ET/XXXIII/204) l'inventaire réalisé à la requête de son gendre le procureur au Châtelet Jean de la Place cité-ci dessous.
NOTA: Le personnage de Pierre Moreau est primordial dans le déroulement de la généalogie angevine de la famille Chevallier qui va se fixer à Noisy-le-Sec dans la seigneurie de Merlan. Cette dernière relevant à l'origine de l'abbaye d'Argenteuil et de sa haute-justice, puis de l'abbaye de Saint-Denis mais gérée en fait par le grand Prieur de France. En raison de son passé féodal remontant disent les textes à Charlemagne, la seigneurie était suzeraine de plusieurs arrières-fiefs, nommés de Londeau (Longueau), du Mainguy et du moulin dit du baron de Bondy.
L'inventaire des titres de "Notre-Dame d'Argenteuil" réalisé en 1748 (AD 95, côte12 H 1/ page 47) mentionne
1) "Condamnation du prieur d'Argenteuil à propos d'un jardin à Merlan-les-Bondy détenu par son propriétaire Perrin MOREAU le 28 février 1429. Bien entendu, il est illusoire de prétendre qu'il s'agit de la même famille que ci-dessou.
2) "Copie de la vente et aliénation de la terre et seigneurie de Merlan, paroisse de Noisy-le-sec, dépendant du prieuré d'Argenteuil, en 1577 pour subvention à Jean MOREAU". Il s'agit du frère de Robert Moreau nommé Jean Moreau, cité ci-dessous dans la postérité de Pierre Moreau.
3) "Acte de foy et hommage de Merlan du 8 juin 1640 puis du 20 mai 1670"
La postérité de Pierre Moreau
1 Robert Moreau (1536-1609) qui fait suite.
2 Jean Moreau (1537-1617) époux de Fleurance Aubert, originaire de Tonnerre (89). Il était seigneur en partie de Merlan (93) à partir de 1577 avec ses frères ainsi que de Bondoufle (91) d’un moulin du lieu dont il rendit hommage féodal le 10 mars 1610 aux « sieurs de Marcelly » rue Saint-Spire à Corbeil. Il s’agit vraisemblablement du consortium représenté par l’ancien notaire Séverin Godart. Le couple Jean Moreau et Aubert avait une fille Charlotte Moreau dite des Anges, religieuse au couvent de Sainte-Ursule à Châtillon-sur-Seine. C'est lui qui fut le premier acquéreur de Merlan en 1577 dans le cadre de l'aliénation des biens du clergé pour lutter contre la progression du protestantisme si l'on en croit l'inventaire tardif qui précède.
3 Jeanne Moreau (1540-1592), mariée le 15 décembre 1560 avec le procureur au Châtelet Jean de la Place. Elle reçut en dot de son père Pierre Moreau la somme de 500 Livres et la moitié de la ferme de la Chapelle-La-Reine (77). (Insinuations du Châtelet, Y//103 notice 6488, f° 100 v°).
4 Claude Moreau (1539) étudiant en 1553, reçoit de son père des vignes au terroir de la Chapelle sur le grand chemin de Saint-Denis. On ignore quel fut son sort.
François de Lalouette, président du Conseil Souverain de Sedan
- Par son épouse Agnès de Lalouette, Pierre Moreau était beau-frère du champenois François Lalouette (1520-1606), avocat en la cour de Parlement, bailli du comté de Vertus, il participa à ce titre en 1568 à l’élaboration de la coutume de Sedan. Il se maria en 1571 avec contrat d’Hélène de Louvain, fille d’Antoine et Marguerite d’Andresles. On ignore s’il eut postérité de ce premier lit.
- François qui était de religion protestante, fut nommé en 1575 Président du conseil souverain de Sedan. Il devait cette nomination à la régente de cette principauté Françoise de Bourbon-Montpensier récente veuve du 1er prince de Sedan Henri-Robert de La Marck (1539-1574). C’était un poste important en ce temps de guerre de religion car le couple princier avait proclamé en 1560 l’égalité de culte entre catholiques et protestants. Aussi Sedan était-il devenu le refuge de nombreux protestants et connaissait une certaine prospérité économique
Par la suite François Lalouette devint maître des requêtes de l'Hôtel du Roi et se remaria en secondes noces le 22 juin 1586 à Montataire (60) avec Elisabeth de Cename (Cenesme) dont il eut postérité.
Robert Moreau de Merlan
Fils aîné et héritier principal de Pierre, Robert Moreau (1536-1609) dit de Merlan, à l’origine huissier à la cour des Monnaies épousa le 18 janvier 1576 Anne Godart, fille du notaire au Châtelet Séverin Godart (1515-1608) et de Marie de Montigny, laquelle décéda en 1581 (ET/XXI/39 du 11 juin 1581). Etabli notaire à Paris en l’étude enregistré sous la référence ET/XCVIII, sise rue de la Bretonnerie, paroisse Saint-Merry, Séverin vendit sa charge le 20 mai 1580 à son collègue Hilaire Lybault au prix de 666 écus (ET/III/201)
Séverin Godart était alors depuis le 27 février 1551(ET/C/036 pour foi et hommage) l’un des seigneurs en partie de Bondoufle (91) en consortium avec :
- feu Pierre de Montigny, bourgeois de Paris, représenté par sa veuve Jeanne Le Père, héritières avec ses filles Marie et Jeanne Montigny.
- Simon Le Barge, notaire au Châtelet (ET/XLIX) avec son collègue Séverin Godart
- Pierre Versoris l’aîné, veuf de Marguerite Robinet, avocat au Parlement et seigneur en partie de Marcilly-en-Corbeil. Il s’agirait de Marcilly (77)
- feu Jacques Fourqueux, avocat au Parlement, représenté par sa veuve Geneviève Rapouel, dame en partie de Marcilly.
- De Luc (Deluc) Jean procureur de la reine au Parlement, également seigneur de Marcilly-en-Corbeil
Les biens immobiliers de Robert Moreau
Qualifié d’écuyer, Robert Moreau fut tardivement nommé secrétaire de la Chambre du roi en 1604. Il était depuis au moins le 26 novembre 1594 seigneur de Bondoufle (91), seigneurie rurale jouxtant la châtellenie d’Yerres de la famille Budé. A cette époque, Robert avait reçu de Pierre Chomel commis de l'extraordinaire des guerres des biens en la paroisse champenoise de Saint-Martin-ès-Vignes (Inventaire sommaire AD Aube - série 8J - Archives du Château de la Cordelière cote 20 AA 108 parchemin du 26 novembre 1594).
Son inventaire au décès établi le 7 avril 1609 (ET/XXXV/59 ) précise qu'il est seigneur en partie de Bondoufle. L'inventaire est établi à la requête de Jean Moreau et du bourgeois de Paris Constantin Chevallier fils aussi bourgeois de Paris à cause d'Isabel Moreau sa femme pour laquelle il se porte fort.
Sa postérité était composée de :
-Jean Moreau, né vers 1580, tuteur le 1er mas 1610 de ses frères mineurs Noel et Claude Moreau (AN ET-XXIX-37).
-Ysabelle, Elisabeth Moreau née vers 1585, épouse de Constantin Chevallier fils. Filiation à contrôler.
-Claude Moreau, née vers 1587, mari encore inconnu. Elle a des droits sur partie de Bondoufle qui seront vendu en 1630 à Alexandre Faucon.
-Noél et Pierre, nés vers 1595 et 1600, à identifier.
Insinuation du Châtelet Y//111 fol. 238 en date du 5 mars 1571. Le contrat stipule qu’en cas de survie du mari, sa femme lui abandonne ses biens.
Elle sera régente pendant 10 ans, jusqu’à la majorité de son fils aîné Guillaume-Robert de la Marck (1563-1588), prince de Sedan (1584) comte de La Marck, de Braine et d'Albon, baron de Sérignan (34), Privas (07), Mauny (76), châtelain de Nogent-le-Roi (28) et de Chaumont-sur-Loire (41) seigneur de Jametz (55) et de Raucourt (54). Sans alliance, il instituera sa sœur Charlotte comme son héritière universelle. Elle se mariera en 1591 avec le duc de Bouillon Henri 1er de la Tour d’Auvergne (1555-1623) Vicomte de Turenne puis maréchal de France (1592).