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Nicolas Chevalier du Vignau
La carrière de Nicolas II Chevalier sous l’ombre de la Ligue.
La Ligue catholique, contre le protestantisme naquit vers 1570, une dizaine d’années avant les premiers incidents entre catholiques et protestants. A cette époque, la famille Chevalier d’Eprunes était déjà divisée religieusement ainsi :
Etaient protestants déclarés :
- Guillaume Chevalier (+ 1568) époux de Jeanne Escoreol, fils aîné de Pierre 1er Chevalier.
- Charles Chevalier (+1572) fils aîné de Jacques II et Catherine Turquan. Cousin-germain de Guillaume, Charles, connu sous le nom de guerre de Prunay, sera assassiné en 1572 lors de la Saint-Barthélemy après avoir été receveur général du prince Louis 1er de Bourbon Condé, l‘un des chefs militaires protestants tués à Jarnac en 1569.
-Protestant dissimulé : Guy II Arbaleste (+ 1572), président Chambre des comptes, vicomte de Melun et Corbeil, époux de Madeleine Chevalier, déclaré un an avant sa mort.
Etaient catholiques
Jacques III (+1573) fils puîné de Jacques II et Catherine Turquan et donc frère de Charles. Jacques III était seigneur de Montreau à Montreuil (93) époux de Barbe Avrillot (1520-1566), tante et marraine de Barbe Avrillot (1566-1618) seconde du nom, épouse du banquier de la Ligue Pierre Acarie (1559-1613). Après la mort de son mari, Barbe sera fondatrice du Carmel et y finira ses jours sous l’appellation de Marie de l’Incarnation, béatifiée en 1791 par le pape Pie VI.
Pierre II Chevalier (+ 1583), frère de Guillaume et troisième fils de Pierre 1er Chevalier. Seigneur d’Eprunes, maître des comptes, prêtre puis évêque de Senlis en 1561 par résignation de son oncle par alliance Louis Guillart de l’Epichelière.
En 1584 la mort de François duc d'Alençon (1555-1584), frère cadet du roi et son successeur familial, modifie l'ordre de succession au trône car le roi Henri accepte comme héritier présomptif son plus proche parent en ligne masculine, son cousin le protestant Henri III de Navarre.
Cette décision réactive l'ire des catholiques majoritaires dans le royaume. la Ligue renait à Péronne l’année suivante sous l’impulsion d'Henri 1er duc de Guise (1550-1588), cadet de la maison de Lorraine. Elle s’organise dans le royaume, en particulier dans les 16 quartiers de Paris. Son audience devient danger pour l'autorité royale et Henri III fait assassiner Henri 1er de Guise à Blois le 23 décembre 1588. En réaction, Paris prend les armes, se rebelle, dresse des barricades et chasse le roi qui se réfugie à Blois. Le Parlement de Paris étant favorable aux catholiques, en février 1589, Henri III ordonne aux membres du Parlement et de la Chambre des Comptes de quitter Paris pour se rendre au Parlement de Tours sous peine d’être privés de leur office. Le royaume comptera dès lors de juin 1589 à avril 1594 deux Parlements, celui des rebelles de la Ligue à Paris, celui du roi Henri III allié aux protestants à Tours.
Un choix difficile pour les parlementaires parisiens.
La menace royale de priver les parlementaires de leur office s’ils refusaient de quitter Paris pour Tours eut peu d’effet car la plupart des parlementaires refusèrent de s’exiler et conservèrent leur office en prêtant serment à la Ligue qui occupait Paris en rébellion ouverte.
La branche du Vignau
Ce fut le cas de Jean Chevalier (1529-1602) fils de Nicolas 1er Chevalier et Marie Barthélémy, seigneur du Vignau, d’abord avocat puis conseiller au Parlement de Paris depuis 1562 par résignation de son père.
A l’époque, le jeune roi Charles IX signait sur conseil de sa mère Catherine de Médicis l’Edit de tolérance qui visait à éviter l’extension de la lutte d’influence entre catholiques et protestants.
C’est dans ce contexte politico religieux que Jean Chevalier (1530-1602) avait épousé en première noce en l’hôtel de Laon à Paris le 15 janvier 1565 Charlotte Teste (1545-1586) veuve de Christophe Luillier de la Malmaison. Fille de Jean seigneur de Coupvray et d’Arrigny (51) et de Marie Chartier, la mariée était dame en partie de Coupvray (77) et veuve de Christophe Luillier (1500-1561) maître des Eaux-et-Forêts de Champagne et de Brie.
L’année suivante naissait l’aîné du couple, Nicolas II Chevalier sur fond de guerre de religion car les efforts du pouvoir royal eurent peu de résultat et la situation empirait [1] Il fut suivit de deux filles:
- Anne Chevalier (1567-1624) qui épousera en 1595 Simon Barreau (1565-1606) contrôleur général des Ligues Suisses puis en 1609 et en seconde noces Guillaume de Boullenc. Anne fut héritière par moitié de Jean son père.
- Marie Elisabeth Chevalier (1548-1644) Religieuse Supérieure de l'Hôpital Sainte Anastase à Paris.
Jean II Chevalier, domicilié rue du Temple à Paris était conseiller au Parlement et acquit le 2 septembre 1583 une rente de 66 écus d’or soleil sur le comté de Dammartin-en-Goële (77) vendue par Madeleine de Savoie, veuve du connétable Anne de Montmorency et leur fils le duc Henri 1er de Montmorency, représentés par René Le Roullié, abbé et comte de Lagny (77) et François d'Alesso, sieur d'Eragny et maître des Comptes [2].
Le royaume était alors en partie occupé par les protestants soutenus par le prince d’Orange et l’Angleterre, alors que les catholiques de la Ligue bénéficiaient d’une armée du roi d’Espagne Philippe II débarquée en Bretagne. Ces troupes intervinrent militairement et tentèrent vainement en 1590 de dégager Paris occupé par la Ligue et assiégée par les troupes protestantes du roi de Navarre. Ce dernier abjura à Saint-Denis le 25 juillet 1598, premier pas vers son sacre à Reims où il devient Henri IV. Il négocia alors la paix à Vervins avec l’Espagne et le réembarquement de ses troupes stationnées à Port-Louis dans le golfe du Morbihan.
Biographie de Nicolas II Chevalier
Fils aîné du conseiller au Parlement de Paris cité supra Jean Chevalier sire de Vigneau (77) et de son premier mariage avec Charlotte Teste dame de Coupvray, Nicolas II Chevalier fut baptisé le 21 novembre 1566 à Paris, paroisse Saint André-des-Arts. Ses parrains étaient le correcteur des comptes Nicolas Barthélemy (1515-1575) et l’avocat Charles Galoppe, sire de Ballainvilliers, fils de Jean et Claude de Thou. La marraine était sa grand-mère Marie Barthelemy veuve de Nicolas 1er Chevalier [3] du Vigneau, troisième fils de Jacques 1er et Jeanne Le Picart, cités supra.
Nicolas II Chevalier ayant été reçu le 6 mars 1588 à l’âge de 22 ans conseiller au Parlement de Paris en survivance de Jean, son père également conseiller, tous eux étaient concernés par la mesure royale leur enjoignant de quitter Paris en rébellion. Comme la plupart des anciens conseillers Jean Chevalier le père accepta de prêter serment à la Ligue et participa le 26 janvier 1589 au vote au cours duquel Barnabé 1er Brisson [4] fut nommé président du Parlement de la Ligue.
Par contre, son fils aîné Nicolas II ne prêta pas serment et rejoignit les troupes royales désormais alliées au roi de Navarre le futur Henri IV et aurait commandé un détachement de chevau-légers. L’assertion est probable car il n’apparaît plus aux parlements de la Ligue ou à celui de Tours. Ces troupes royales combattent la rébellion qui occupent Paris le 25 mars 1594 avec Nicolas II dans le rang des libérateurs. La répression s’abat contre tous les ligueurs et Nicolas II Chevalier réintègre sa place de conseiller au Parlement de Paris libéré. Sa carrière reprend son cours et le 27 février 1595, il est nommé maître ordinaire des requêtes au Parlement présidé par Achille de Harlay [5] . Il venait de se marier deux mois auparavant.
Marié à la veuve d’un banquier de la Ligue
Son mariage s’était déroulé le 20 janvier 1595 à Gentilly (94) avec Madeleine de Boullenc dite de Crèvecœur à partir de 1609 [6], fille du marchand et bourgeois de Paris Jean de Boullenc et Catherine Lange. Agée de 25 ans de plus que Nicolas II son second époux, la mariée était veuve sans enfant de Benoît MILON, riche président de la chambre des Comptes, mort en 1593 [7]. Un contrat de mariage fut rédigé en l’étude ET/LIV/233 et insinué au Chatelet de Paris (Y//134 n° 3671, f°169 V° du 20/1/1595). C’était apparemment un mariage d’affaires, la mariée étant héritière de feu son premier mari dont les avoirs financiers étaient bloqués en tant que notable de la Ligue.
En effet, la répression entamée en 1594 contre ceux qui avaient soutenu la rébellion parisienne se poursuivait. Dans ce cadre, le 22 mars 1597, un arrêt du Conseil d’Etat fit saisir rue Vieille du Temple à Paris, alors domicile de Nicolas II et de Madeleine de Boullenc veuve de Benoit Milon notable ligueur la somme de 12.000 écus en argent et bijoux. Nicolas II intervint en tant que parlementaire, fit reconnaître son mariage et rappela qu’il avait soutenu activement le roi. Dès le 10 janvier 1598, cette somme sera remboursée au couple [8] . A partir de ce moment, Nicolas II Chevalier entrait dans le cercle fermé des soutiens financiers d’Henri IV, de son épouse Marie de Médicis et de leurs financiers lucquois.
Nicolas II Chevalier n’eut pas d’enfant de son mariage avec Madeleine de Boullenc de Crèvecœur mais eut une liaison extra conjugale dont naquirent cinq enfants qui seront évoqués à la suite, après sa carrière professionnelle et administrative et le développement de sa fortune.
Sa carrière de magistrat jurisconsulte
Nicolas II repris et poursuivi sa carrière parlementaire au Parlement de Paris un moment interrompu par les événements. Il se fait aussitôt remarquer par son éloquence dans les interventions et ses connaissances. Le 4 mars 1602, il remplacera son père Jean Chevalier qui vient de décéder et dont les obsèques auront lieu le 8 à l’église Saint-Médéric. Puis le 3 décembre 1602, Nicolas est nommé maître des requêtes à la IVème Chambre des Enquêtes judiciaires et à la suite intendant de Champagne.
A partir de cette date, sa progression est constante au sein de cette cour souveraine.
En 1607, il acquit d’Antoine Le Camus, sieur de Jambeville, moyennant 60 000 écus, la charge de Président aux Enquêtes, puis, en février 1610, celle de Premier Président de la Cour des Aides cédée par Christophe de Sèves, moyennant 60 000 écus et 10 000 écus d’épingles, c'est-à-dire de gré à gré.
Ce titre de 1er président de la plus importante des Cours souveraine, enregistré et effectif à compter du 20 avril 1610, à peine un mois après l’assassinat du roi Henri IV par Ravaillac le 14 mai 1610, lui ouvre les portes du pouvoir. En effet, Nicolas II Chevalier va devenir un proche du nouveau roi Louis XIII, fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, qu’il invitera à plusieurs reprises en son domicile de Gentilly.
Nicolas II Chevalier va dès lors cumuler les charges de:
Chancelier de 1620 à sa mort en 1630, de la Reine de Anne d’Autriche. (1601-1666) épouse du roi et mère du futur Louis XIV. Egalement conseiller d'État, surintendant de Navarre et de Béarn, et deux fois ambassadeur en Angleterre. Il fut également intendant des Finances de France et mourut au moment où Louis XIII allait le nommer Garde des sceaux après lui avoir attribué le collier de l’ordre chevaleresque du Saint-Esprit [9].
Administrateur parisien
Accessoirement colonel de la milice bourgeoise du quartier des Innocents, au cœur de Paris pour la période de 1610 à 1626, Nicolas II Chevalier était, outre ses autres fonctions, commissaire pour vaquer aux ouvrages du Pont Neuf et autres bâtiments de la capitale du royaume.
Investisseur fortuné proche du roi.
La bonne fortune initiale de Nicolas II Chevalier avait été d’épouser la veuve de Benoit Milon, ancien président des comptes et bâtisseur du château de Wideville par Crespière (78), laquelle avait fait de son nouvel époux son héritier principal. Cela va permettre à ce dernier de devenir un investisseur immobilier dans les rentes sur le clergé doublé d’un spécialiste en matière financière.
Son premier investissement aurait été d’acquérir en 1596 une partie du fief du Roule alors hameau de Clichy-la-Garenne, puis il se lança dans les affaires immobilières avec deux financiers proches du roi chargés de la gestion des maisons royales de Saint-Germain-en-Laye et de Fontainebleau, la première dirigée par l’intendant Albert de Gondi [10] et la seconde par le banquier lucquois Sébastien Zamet [11]. Homme de confiance du couple royal, ce dernier était intervenu en 1598, après le traité de Vervins déjà cité, dans le montage financier nécessaire au retour des troupes espagnoles stationnées à Port-Louis, entre Charles de Cossé Brissac, lieutenant général du roi en Bretagne et l’ancien ligueur breton Julien de Montigny de la Hautière [12] . Puis ayant déjà croisé la route de Nicolas II Chevalier lors d’affaire immobilière, Sébastien Zamet investi en 1600 avec ce dernier dans « la Compagnie de la pêche du CORAIL au royaume More et contrés des Tunis en Barbarie » Tous deux eurent apparemment des difficultés dans cette affaire et portèrent plainte devant le Conseil du roi (MC/ET/XIX/342 du 26 août 1600).
Par contre, on ignore si Sébastien Zamet intervint lorsque Nicolas II Chevalier devint l’un des créanciers de feue la reine Catherine de Médicis (1515-1589) veuve d’Henri II, par rachat d’une dette de 7.000 Livres [13] gagée sur le château de Chenonceau. Cette dette provenait d’un transport de Jean II Nicot [14] conseiller et secrétaire du roi dont le contrat initial remontait au 15 aout 1564. Ainsi Nicolas II dut attendre l’arrêt du Parlement du 8 juin 1605 pour percevoir son investissement initial. La plus grande partie de la dette totale de 27.776 Livres fut réglée le 13 mars 1606 par la duchesse de Mercœur Marie de Luxembourg [15] soit 20.260 Livres pour l'adjudication de la terre et seigneurie de Chenonceau.
A partir de cette époque, parallèlement à sa carrière depuis 1607 de Président aux Enquêtes, puis 1610 de celle de Premier Président de la Cour des Aides, Nicolas II Chevalier va se spécialiser dans l’acquisition la constitution et la revente des terres du clergé avec l’aval des autorités épiscopale.
Avec sa relation initiale avec Albert de Gondi duc de Rets intendant de Saint-Germain-en-Laye cité supra et l’un des représentants du clan familial et financier qui fit fortune à Lyon puis Paris, Nicolas II était désormais pleinement membre du réseau d'alliances familiales aux commandes dans les milieux spéculatifs proches du pouvoir royal.
C’est ainsi qu’il acquit en 1616 de Henri de Gondi cardinal de Retz, la seigneurie de Gentilly où il établit son domicile principal. Puis le 28 décembre 1622, il fit l’acquisition de nombreuses rentes sur les biens du clergé [16], avec l’aval de Jean-François de GONDY, archevêque de Paris.
En 1620, Nicolas II était membre du conseil d’Anne d’Autriche reine de France et de Navarre, conseiller du roi en ses Conseils, premier président à la cour des Aides, superintendant de la maison et Couronne de France et Navarre. Il siégeait alors à l’Office de mesureur et porteur de sel avec Sébastien Zamet déjà cité, Estienne 1er d'ALIGRE, chancelier de France et de Navarre, super intendant des maisons et affaires de la Reine, Anthoine FEYDEAU, Sire du Bois-le-Vicomte, conseiller au conseil d'Etat, intéressant des maisons et finances de la Reine, Nicolas LE GRAS, conseiller au conseil d'Etat, secrétaire des commandements et finances de la reine et enfin François d'ARGOUGES, trésorier de la reine.
Tous ces proches du pouvoir bénéficiaient des revenus de cet office rattaché aux aides royale et impôts sur le sel et avait été donné par le roi à son épouse. L’office fut vendu le 26 avril 1625 (MC/ET/CV/253) à Jacques BORDIER (1595-1660), conseiller du roi, ancien receveur général des gabelles du Lyonnais, moyennant la somme de 67 245 Livres.
Par la suite, Jacques Bordier seigneur du Raincy et du fief du Brichet à Bondy (93), deviendra l’intendant des Finances de la reine Anne après la mort de Louis XIII lorsqu’elle sera régente du royaume de 1643 à 1651, jusqu’à la majorité de son fils Louis XIV.
La fortune financière et immobilière de Nicolas II Chevalier
Outre le versement des 130.000 écus versés pour l’acquisition de ses charges parlementaires, ses moyens financiers lui permettrons de prêter au roi Louis XIII en 1627 la somme de 10.000 pistoles, 20.000 écus d’or et 60.000 1ivres, et se porta garant d’un emprunt de 400.000 [17].
Sur le plan immobilier, Nicolas II Chevalier avait réalisé, comme il a déjà été dit, sa première acquisition de ses deniers le 16 mai 1596 avec le fief du Roule à Paris. Puis il engagea une action judiciaire en 1598 contre la duchesse de Nemours à propos des seigneuries de Poncy et Berthemont (95) relevant du château de Poissy. L’affaire pendante jusqu’en 1604 se réglera par une indemnité (Conseil privé Henri IV, n°10404, V6 1182 fol 13v° n° 8).
Par ailleurs, il était baron de Crissé (Sarthe) de 1562 à 1630, châtelain de Senéché en Poitou et au Perche de Ceton (61) avec Mongateau et la Mothe-des-prés (61) et Rouperroux sur Maine. Par testament du 17 février 1630 [18] , Nicolas II donnera la châtellenie de Ceton,avec la Mothe des Près, Mongasteau et Rouperroux à son parent Louis Potier (1545-1630), baron de Gesvres, époux de Charlotte Baillet, fille de René Baillet et d’Isabelle Guillart [19]. Charlotte était depuis 1588 dame de la reine mère Catherine de Médicis.
Cette donation de février 1630, en fin de vie des protagonistes le donateur Chevalier Nicolas II et le donataire Louis Potier de Gesvres souligne l’importance des bénéfices apostoliques dans l’alliance des familles Guillart de l’Epichelière et Chevalier d’Eprunes dont descend celle du Vignau.
Nicolas II était d’ailleurs seigneur en partie d’Eprunes et Vignau (77) avec 2 fermes à Villeneuve-Saint-Denis (77), Grigny (91) et les Alluez-le-roi (78)
En outre, seigneur de Précy-Notre-Dame (10) acquit par adjudication qu’il vendit en 1608 [20] et seigneur du fief de la Cour à Chalette cédé par Catherine de Talleyrand femme de Jean Le Bey et héritière de sa mère Anne Le Lieur. Il gardera ce bien jusqu’en 1623. Enfin seigneur de Chevechaix, commune de Darmannes (52) près de Chaumont (Haute-Marne) canton d’Andelot.
Par sa femmed ont il était l’héritier, Nicolas II possédait la seigneurie de Maisons (78) qu’il légua en 1622 à sa nièce par alliance Madeleine, seconde du nom, de Boullenc-Crèvecoeur lorsqu'elle épousa à 13 ans René de Longueuil, surnommé le Président de Maison. Devenu neveu par alliance de Nicolas II et l’un de ses héritiers principaux, René de Longueuil conservera la seigneurie jusqu’à sa mort en 1677 puis elle sera vendue à Claude de Bullion créateur du château de Maisons-Laffitte [21] .
Par ailleurs, Nicolas II était seigneur de Vuideville (ou Wideville) par Crespière, canton de Poissy (78) par transmission d’héritage de son épouse Madeleine de Boullenc dite Boullenc de Crèvecoeur après 1609.
Sur le plan religieux
Comme la majorité de la population à cette époque, Nicolas II était catholique et fidèle au régime en place. Il participait à la gestion de l’église catholique en tant que protecteur et syndic des Cordeliers de la Province de France et du Grand Couvent de Paris. Il était également à partir du 7 juillet 1610, maitre et administrateur de l'Hôtel-Dieu de Paris auquel il livra par testament ses meubles et tableau soit environ la somme de 10.000 livres.
Il avait également sa chapelle particulière au couvent des Récollets du Faubourg Saint-Martin où il fut inhumé après être décédé dans sa maison rue de Béthisy. La date d’inhumation serait le 26 février 1630, certains disent 1633.
Par contre, son épouse décédée quelque temps auparavant, le 23 décembre 1629, fut inhumée à Saint-Germain l’Auxerrois avec son premier mari Benoit Milon, dite femme en seconde noces de Nicolas Chevalier 1er Président des Aides et chancelier de la reine.
Ses loisirs
Nicolas II Chevalier était un érudit et bibliophile de premier plan, héritier direct de la bibliothèque d'Etienne Chevalier d’Eprunes son ancêtre. Tous ses livres reliés étaient frappés de son blason personnel que les héraldistes décrivent ainsi.
Ecartelé, aux 1 et 4 d'azur au lac d'amour d'or, enroulant deux E gothiques du même, aux 2 et 3 d'argent au lion de gueules, qui est Picard de la Grange-Nivelon, et sur le tout de gueule à la licorne d'argent.
La postérité extra conjugale de Nicolas II Chevalier
Marguerite du Raullet (ou du Rollet) fille de Gui du Raullet, trésorier général de l'artillerie et de Claude de Barbedor, était au service de « Madame de Wideville » en l’occurrence Madeleine de Boullenc de Crèvecoeur. A partir de 1589, Marguerite eut une liaison avec Nicolas II mari de cette dernière. Désormais femme entretenue domiciliée paroisse Saint-André à Paris où elle était connue comme Mademoiselle Chevalier.
De cette liaison naquirent cinq enfants reconnus et légitimés par Nicolas II Chevalier en décembre 1610. Ils seront ensuite anoblis par Lettres Patentes du roi Louis XIII en date du 6 décembre 1612, enregistré à la Cour des Aides le 6 octobre 1614 en ces termes « portant anoblissement des sieurs Nicolas, François, Antoine, Aimé et Marie Chevalier, enfants naturels de Nicolas Chevalier, conseiller d'Etat et premier président de la Cour des Aides de Paris, en considération des services dudit Nicolas, leur père, dans l'administration de ses deux charges. »
Il s’agissait de :
- Nicolas Chevalier, né vers 1590 . Reçoit par testament de son père daté du 17 février 1630 la somme de 600 Livres de rentes. Aurait été marié.
- Angélique, Aimée Chevalier, née vers 1592
- François Chevalier, né vers 1605
- Marie Chevalier née vers 1608, marié avec René de Filleul, écuyer, seigneur de La Bretèche à Aubervilliers, domicilié rue des Postes du faubourg Saint-Marcel à Paris. Il décéda en 1680 et elle se remaria avec Louis de Vaucel veuf de Marthe Bochette d’Evreux.
- Antoine Chevalier, né le 9 février 1610 à Paris Saint-André-des-Arts et décédé vers 1670. Il reçut par testament de son père daté du 17 février 1630 la seigneurie de Gentilly (Val de Marne) et fut secrétaire du roi puis contrôleur de la Chancellerie nommé le 4 novembre 1642.
§§§
J’arrête momentanément cette évocation de la famille Chevalier d’Eprunes qui va maintenant s’orienter vers l’Anjou avec les deux Constantin Chevalier.
Le but est d’affirmer ou infirmer l’hypothèse selon laquelle l’angevin Constantin Chevalier 1er puis son fils abbé de Saint-Gildas de Rhuys furent mis en difficultés par la famille de Montigny de Vannes dont les membres furent sires de Rhuys et de Suscinio.
Reprendre l’étude de la branche de Montreau issue d’Eprunes représentée par Jacques II Chevalier et Catherine Turquan après l’aliénation de la haute-Justice de Montreuil au profit des seigneurs bretonnants de Villemomble et la reprise du comté de Dammartin-en-Goëlle ouvrant sur le fief de la Poterne de Livry et les Sanguin.
[1] 1ère guerre 1562-1563, 2ème 1566-1567, 3ème 1568-1570, 4ème 1572-1573, 5ème 1574-1576,6ème 1577-1578, 7ème 1579-1580, 8ème 1585-1598 guerre de conquête du pouvoir par Henri IV.
[2] Musée Condé à Chantilly, 1-CA-003 Inventaire du XVIIIe siècle, p.391
[3] sources ndemaupeou Cabinet des titres, Manuscrit français 32589
[4] Barnabé Brisson (1531-1591) tué à Paris par des Ligueurs qui le soupçonnaient d’être hérétique. Marié à Denise de Vigny, lointaine descendante d’Etienne Chevalier d’Eprunes, il était sieur de la Boissière et avait été conseiller et procureur général de la reine, maître des requêtes ordinaire du roi de Pologne et du duc d'Alençon
[5] Achille 1er de Harlay (1536-1619), époux de Catherine de Thou, il était sire d’Yerres, Grosbois, Boissy-Saint-Léger et Villarceaux. Comte de Beaumont en 1612.
[6] Neveu de Madeleine Boullenc, Guillaume de Boullenc maître à la Chambre des Comptes épouse le 12 avril 1609 Anne Chevalier veuve Simon Barreau et sœur de Nicolas II Chevalier. A cette occasion, il relève les armes et le nom de Crèvecœur et devint Boullenc de Crèvecœur. (Y//147, Y//148 et Y// 155 aussi 148 Notice n° 4450 fol. 229 du 12 avril 1609).
[7] Benoît Milon (1539-1593) sire de la Sourdière, châtelain de Wideville (78), Contrôleur de l’Ecurie du Roi, Président de la Chambre des Comptes, Contrôleur-Général des Finances. Disgracié par le roi pour malversation en 1584, il s'exile quelque temps en Allemagne puis revient. Il s’engage en faveur de la Ligue catholique où il tient les comptes de 1589 à 1593.
[8] Inventaire des arrêts du Conseil d'Etat, règne d’Henri IV (1589-1610) par Noel Valois, tome 1 notes 3743 et 48 et 4325
[9] Fondé en 1578 par Henri III, l’ordre siégeait au couvent des Grands-Augustins à Paris.
[10] Albert de Gondi, 1522-1602), marquis de Belle-Ile comte puis Maréchal de France et duc de Retz, époux de Claudine) de Clermont, dame de Dampierre. Il était seigneur de Noisy-Le-Roi (1568), Marly-le-Chastel (1569), Le Pecq, Le Vésinet et Bailly (1573), Villepreux (1574) puis Versailles.
[11] Sébastien Zamet (1549-1614), lucquois naturalisé français, époux de Madeleine Leclerc du Tremblay-sur-Mauldre. Baron de Murat (15) dans le Cantal et Billy en Bourbonnais (03), intendant de Fontainebleau, surintendant de la maison de la reine Marie de Médicis. Fut banquier d’Henri IV avant son accession au trône et devint son proche et éclectique collaborateur.
[12] Julien de Montigny de la Hautière, écuyer à Vannes (35) et beau-frère de René d’Aradon gouverneur de Vannes, tous deux représentants de la Ligue en Bretagne méridionale. De la Hautière armait deux navires et commandait les 14 autres qui rapatrièrent les troupes espagnoles à Cadix. Il aurait pour cela obtenu 5.000 écus du roi d’Espagne. Devenu fidèle d’Henri IV, de la Hautière mourut chevalier de l’ordre du roi et capitaine de ses galères. Sources suivantes
1) Le voyage de Samuel Champlain aux Indes occidentales, volume 11, septembre 1957.
2) Histoire de la marine française, volume 4.
3) Bulletin de la société polymathique du Morbihan 1934, pp 86 à 123 « La Ligue au pays de Vannes et les d'Aradon ».
4) La Fontenelle le ligueur et le brigandage en Basse-Bretagne pendant la Ligue (1574-1602)
[13] "Dettes et créanciers de la reine mère Catherine de Médicis (1589-1606) » publié d'après les archives de Chenonceau, p. 124.
[14] Jean II Nicot (1530-1604), époux de Jeanne Bochart, seigneur de Jonquières, présentateur à Catherine de Médicis du tabac appelé herbe de la reine. Créancier en 1563 de Pierre de Picques lequel transportera la rente à Nicolas II Chevalier (MC/ET/LIV/164 du 30/10/1563).
[15] Marie de Luxembourg (1562-1623) fille de Sébastien, duchesse de Penthièvre, épouse du duc de Mercœur Philippe-Emmanuel de Lorraine, beau-frère du roi Henri III.
[16] BN, dossier Cherin n° 54, microfilm MF 20817, notaire Jean II Chapelain MC/ET/XXIV/310, fol. C et CIIII du 7 mars1623.
[17] Journal historique de Bouchel, Bibliothèque Nationale., ms. fr. 528, fol. 212 v
[18] MC/ET/CXV/59, notaires Robert Tulloue et Gilles Marion et Bibliothèque Nationale, collection Dupuy, vol.81,F° 242
[19] Isabelle Guillart était sœur de l’évêque Charles Guillart (1521-1573) neveu de l’évêque de Tournay Louis Guillart (1491-1565) lui-même oncle de Pierre II Chevalier évêque de Senlis.
[20] Fond Chandon et Archives Départementales de l’Aube, Série E, papiers de Crussol p.43
[21] Selon "Philippe de Buyster, sculpteur de 1595 à 1688 » par Pierre Chaleix, 1967 éditions A.Picard
Date de dernière mise à jour : 21/11/2021